Si jeunes et déjà parents…

Article d’Aimer & servir, décembre 2012

(Organe de l’union évangélique médicale et paramédicale de France)

Michel Hermenjat, éducateur spécialisé et assistant social HES (Suisse). Père de cinq enfants majeurs et jeune grand-père, il est au terme d’un mandat de sept ans dans l’accueil d’urgence d’adolescents en rupture ou victimes de violence dans le cadre de Carrefour 15-18 (Fondation La Rambarde à Lausanne) qui a largement favorisé ses recherches. Il s’attache désormais au développement d’une nouvelle structure (Fondation) œuvrant au secours dédiés aux très jeunes parents. La parution de son premier ouvrage Cet enfant qui m’a manqué (Éd. Première Partie) au printemps 2012 lui vaut des invitations renouvelées à s’exprimer dans divers médias communautaires, écrits, radiophoniques et télévisés.

« Un peu partout en Europe, le nombre de mineures enceintes est en augmentation, comme celui de mineures qui avortent. Comment comprendre ces comportements à contre-courant des mentalités et en désaveu au système de prévention? Est-ce le goût de l’interdit propre à l’adolescence? Une conséquence prévisible de la liberté sexuelle à tout crin instillée parmi les jeunes? Un appel au secours et à la considération ? Voire une revendication, un acte d’émancipation fondé sur un conflit générationnel?

Michel Hermenjat, éducateur spécialisé auprès d’ados en rupture ou victimes de violence et Karine Demierre, assistante sociale, fondatrice de l’association JeunesParents, livrent les conclusions d’une recherche de deux ans qu’ils ont menée sur mandat des services sociaux helvétiques. Ils proposent le développement d’une palette de ressources innovantes pour soutenir les très jeunes parents. De nouvelles approches pour prévenir les grossesses précoces ont été testées. La question de l’augmentation de la récidive à l’avortement est abordée.

Les maternités précoces sont devenues un sujet de société. En 2007, les scénaristes de Hollywood lui ont consacré un film (« Juno »). L’an dernier à Cannes, c’est un sujet français, «dix-sept filles » qui était présenté officiellement (d’après un fait divers, dix-sept adolescentes faisant le pacte de tomber enceintes). Malgré toute l’information à disposition, les rapports sexuels non protégés restent particulièrement fréquents chez les adolescents. En Belgique, par exemple, 55 % des moins de 15 ans ne se protègent pas, ainsi que 48%des quinze à dix-huit ans. Les motifs pour « déroger » ainsi à l ’éducation sexuelle officielle sont de nature circonstancielle, relationnelle ou psychologique : spontanéité du rapport sexuel (non planifiable), gêne vis-à-vis de la pilule et peur de grossir, absence de perception du risque ou volonté de donner une preuve d’« amour » au partenaire. Parmi ces motifs figure également le désir de grossesse. En France, des affiches dans le métro donnent le ton d’une communication devenue incitative : « La contraception, l’avortement, mon choix, ma liberté ! ».

Le Pass’contraception veut généraliser l’accès à la contraception et à la contragestion (pilule du lendemain) aux mineures dans la confidentialité et l’anonymat, c’est-à-dire à l’insu des parents, ce principe étant déjà acquis en ce qui concerne l’avortement. Or, l’usage « décuplé »de la pilule du lendemain, ces dix dernières années, n’a pas réduit le nombre de grossesses précoces ni celui d’avortements, au contraire. Les plus jeunes ont toujours plus des relations « fitness-kleenex ».

La jeune et très jeune parentalité apparaît donc comme le fruit mûr sur l’arbre d’une culture sexualisée et d’une éducation sexuelle manifestement contre-productive, sans que les décideurs ne se laissent pour l’instant suffisamment interpeller. Les jeunes et très jeunes parents sont au coeur du paradoxe qui invite les ados à une liberté sexuelle sans tabou ni frein, mais leur interdit simultanément la paternité. Il y a cinquante ans, on avortait clandestinement. Aujourd’hui, nos plus jeunes donnent la vie en contrebande. C’est un échec collectif qui appelle une vaste remise en question.

Jeunes parents, la galère
En Suisse romande, devant un test de grossesse positif, de jeunes mineures comprennent le message suivant : « Tu peux avorter sans que tes parents le sachent et c’est gratuit. Par contre, si tu envisages de poursuivre ta grossesse, on nommera sans délai un tuteur pour protéger l’enfant et juger si tu es capable de le garder au moment de sa naissance ». Cette argumentation pèse lourd dans la décision. Il n’y a pas de délai de réflexion imposé à partir du choix pour l’IVG.

En Belgique, au printemps 2011, un colloque a rassemblé trois cents professionnels de tous horizons à Bruxelles (1) autour de la question des maternités précoces. Les travaux, auxquels nous avons participé, ont mené à la conclusion qu’il était beaucoup plus difficile d’être jeune et très jeune parent aujourd’hui qu’il y a trente ans et que le soutien à cette population est largement déficient, voire quasi inexistant, tant en termes de structures que de compétences.

Vivre chichement comme étudiant ou apprenti (l’image de la chambre de bonne) est possible quand on est seul, mais quasiment impossible quand on est déjà parent. En Suisse, par exemple, le système des bourses d’études n’est pas prévu pour les jeunes parents : on part du principe qu’avant d’accueillir un enfant, un jeune doit achever sa formation, entrer dans la vie professionnelle et s’établir dans la société. La baisse des emplois non qualifiés dans le marché du travail actuel se répercute en particulier sur les jeunes parents : toujours en Suisse, 17 % des bénéficiaires de l’aide sociale entre 18 et 25 ans sont déjà parents. Cette sur représentation d’un facteur 2 à 3 est de nature systémique. En règle générale, les jeunes et très jeunes parents peinent à accéder à une information utile : où trouver de l’aide pratique, des bourses d’études et comment accéder à un logement adéquat.

Le manque budgétaire chronique de ces jeunes familles n’est pourtant pas considérable ; il émane des coûts de location d’un appartement adapté et des frais inhérent à un ou deux enfants en bas âge, plus difficile à compresser que ceux de célibataires sans enfant. Pas étonnant que la jeune maternité souffre d’un tel déficit d’image sociale! Les pouvoirs publics n’en sont pas quittes pour autant, car de vraies conditions cadres à la jeune  parentalité font largement défaut.

Du coup, les jeunes parents se considèrent comme une population négligée et se montrent très remontés contre une société qui les pénalise ensuite, dans l’accès à la formation, aux bourses d’études, au logement ; les régies immobilières, et même parfois les services sociaux les ignorent ou leur sont hostiles. On leur reproche régulièrement de ne pas avoir avorté, parfois en présence de l’enfant dans sa poussette. Une grossesse adolescente menée à terme relève aujourd’hui de l’héroïsme en opposition à l’accès facilité à l’IVG sans proposition alternative. Une mère adolescente ou jeune adulte aura démontré une ténacité à toute épreuve pour poursuivre sa grossesse face à l’incompréhension ou l’anxiété des adultes et des professionnels. En effet, la société et les milieux socioéducatifs se sentent souvent angoissés et impuissants devant de très jeunes parents. C’est sans compter sur la capacité de rebond inouïe de ces derniers. (2)

Une initiative qui sent le printemps
En Suisse romande, quatre-vingts très jeunes parents, essentiellement des adolescentes, se sont constituées en association il y a bientôt dix ans afin de s’épauler mutuellement, de constituer une base de données et de collaborer avec les institutions concernées. Des rencontres de jeunes et très jeunes parents ont permis à des mamans ados de reprendre leur formation par le simple fait de l’émulation : « D’autres y arrivent, alors pourquoi pas moi ? » Sur un plan médiatique, l’association JeunesParents bénéficie d’un intérêt durable. Nous l’avons dit, la maternité adolescente est un fait de société. Toutefois, les membres de l’association JeunesParents se méfient de la génération qui la précède : pour eux, elle se résume à l’image de quadras qui étirent leur carrière au maximum avant de faire un enfant qu’ils confient aussitôt à une crèche. Sans surprise, cette image disqualifie ceux qui la portent (les « vieux parents ») pour comprendre et aider des très jeunes parents. Les préoccupations de ces deux types de parents si différents ne sont pas du tout les mêmes.

Karine Demierre se bat pour soulever la chape des préjugés. Pour elle, les embûches pratiques sont déjà bien assez nombreuses sans y ajouter le regard compassé et suspicieux des dits « parents normaux », à savoir les aînés et les parents de plus de trente ans. Les jeunes mères et pères de l’association JeunesParents trouvent spontanément la manière dont il convient de réagira l’oppression sur leurs grossesses précoces. C’est spécifique à cette tranche d’âge et à l’entrée dans la parentalité (il y a aussi une logique hormonale). Ils trouvent entre eux l’énergie, la solidarité et la détermination à montrer qu’ils parviennent à s’en sortir par eux-mêmes. Les jeunes et très jeunes parents ont ce désir, parfois jusqu’à l’absurde, de prouver qu’ils sont capables d’assumer leur enfant. Pour y parvenir ensemble, ils s’interpellent mutuellement et s’imposent une rigueur qu’aucun éducateur n’oserait exiger.

Une prise en charge à long terme? Pas du tout !
La démarche de l’association JeunesParents est aux antipodes des réflexes qui ont prévalu dans le soutien historique aux grossesses précoces/précaires, soi t une démarche de tutelle, marquée parle paternalisme. Les jeunes parents ne veulent pas de l’assistanat; les institutionnaliser, c’est briser leur élan. En même temps, ils ont besoin de tout. La compassion doit changer de camp ! Si la banalisation de l’avortement a été introduite au nom de la compassion envers les femmes aux prises avec une grossesse précaire, la même compassion devrait aujourd’hui théoriquement être offerte aux jeunes déterminé sa poursuivre une grossesse, à la place de l’opprobre et de la condamnation. Ou alors, on nous a trompés avec le « libre choix ».

Mais il s’agit absolument d’éviter une démarche institutionnalisant vis-à-vis des jeunes parents et privilégier des solutions ponctuelles, souples, pratiques, qui impliquent les bénéficiaires au maximum. Le secours dédié aux jeunes et très jeunes parents revêt un caractère bien plus profond que l’urgence sociale. Nous en sommes arrivés à la conclusion que les jeunes et très jeunes parents d’aujourd’hui sont la clé pour briser le statu quo et le silence autour de l’opprobre qui pèse sur les grossesses précoces /précaires dans notre société. Les très jeunes mamans déterminées à garder leur enfant, sont autant de leçons de vie ! A nous de répondre à ces jeunes parents quand ils nous disent de quoi ils ont besoin. Je pense qu’ils le savent mieux que bien des professionnels, dans l’état actuel des choses. Il nous faut d’abord apprendre à les écouter avec bienveillance.

Les parents adolescents sont un signe particulièrement puissant pour la génération montante, alors que tout est fait pour dissuader cette dernière d’avoir des enfants jeunes ! Les naissances adolescentes représentent seulement 1 à 2 % de l’ensemble des naissances: apporter une aide décisive aux jeunes et très jeunes parents est à la portée des milieux (associatifs, militants, professionnels) qui le souhaiteraient, en termes de moyens et d’investissement. De fait, il appartient au secteur privé d’amorcer le mouvement, en créant et en finançant des centres de compétences (fondations privées ou publiques, associations, réseaux, etc.) d’orientation professionnelle qui pourront ensuite devenir des interlocuteurs privilégiés des pouvoirs publics. L’objectif est d’inscrire le soutien dédié à la jeune et très jeune parentalité sur l’agenda des services sociaux et des pouvoirs publics.

La parole des jeunes parents dans la prévention
Le signe particulièrement fort que constitue une grossesse adolescente menée à terme ouvre des perspectives nouvelles en matière de prévention. Car le témoignage de jeunes parents a un fort impact sur leurs pairs adolescents. Ce concept de prévention de la très jeune maternité qui a vu le jour en Angleterre a été expérimenté dans plusieurs foyers d’accueil pour ados, à Lausanne. La pertinence de ces rencontres tient au franc-parler et à l’énergie des jeunes mamans et parfois des jeunes papas, venus témoigner de leur situation, sans enjoliver les choses ni les dénigrer. Même si elles assument leur situation au mieux, les mères témoins détaillent sans tabou les difficultés de ce« voyage en mère ».

Les questions des jeunes sur la contraception, la naissance et le rôle du père ponctuent le récit tandis qu’un travailleur social, officiant comme médiateur, apporte des réponses circonstanciées. Une très jeune fille qui verbalise son désir d’enfant auprès d’un adulte sera mieux à même de mesurer la portée d’une telle décision. Au contraire, l’absence d’une occasion de l’exprimer augmentera le risque d’un passage à l’acte. Vous allez nous faire un baby-boom ! », S’est exclamée une équipe éducative apprenant qu’une mère adolescente venait témoigner dans son foyer. Au début, l’idée a fait peur ! ». Ensuite, plusieurs responsables éducatifs ont pu vérifier que l’ouverture du dialogue avait un effet responsabilisant sur ces jeunes. Si parler du désir de suicide a un effet éminemment préventif, il en va de même de la grossesse précoce. (2)

Prévenir la récidive à l’IVG
Parachevons notre analyse sur les raisons de la recrudescence des maternités adolescentes : nous croyons p e r c e v o i r  q u e  l e s jeunes et très jeunes parents tentent de« réparer » les dégâts de l’avortement sur leur génération entière – Ils en sont les grandes victimes et en même temps, nous l’avons déjà dit, une clé de solution. Cette « réparation» peut être de nature collective, mais elle est, hélas, aussi le plus souvent très personnelle. Dans les faits, presque tous les jeunes et très jeunes parents ont déjà avorté au moins une fois. Beaucoup sont eux mêmes« survivants » d’avortements survenus dans leur fratrie. C’est une véritable ombre au tableau de la résilience et du potentiel des jeunes parents.

Les filles enceintes de seize ou dix-sept ans, en tous cas pour celles que nous rencontrons en foyer, ont souvent déjà subi une interruption volontaire de grossesse. Pour le canton de Vaud, une grossesse adolescente (avant vingt ans) conduit dix fois plus souvent à une IVG que la moyenne (trois fois plus avant vingt-cinq ans). On observe ensuite des troubles du sommeil, des réactions de violence contre elles mêmes, une sexualité plus compulsive, autant de signes d’une perte de l’estime de soi. Cela conduit souvent à une nouvelle grossesse dans les mois qui suivent et donc à la répétition. La prise en compte et le traitement de la blessure de l’avortement deviennent, dès lors, essentiels dans le secours dédié aux jeunes et très jeunes parents. Il est indispensable que les professionnels soient sensibilisés et, autant que possible, formés pour approcher le syndrome post avortement. (Voir le programme Espoir de vie: www.u2rdp.org) « Je ne veux plus avorter ! » ne signifie pas la même chose que « Je veux garder mon bébé ! ».

Quels conseils délivrer aux milieux chrétiens?
Les grossesses adolescentes ne sont pas l’apanage de milieux sociaux fragilisés ou sans attaches religieuses. Les familles croyantes, les églises et leurs rendez-vous dédiés à la jeunesse se sont aussi concernés. Pour accompagner et plus encore, prévenir, les situations de grossesses adolescentes, il convient de sortir d’une image trop pudique et réservée de la sexualité et de magnifier, aux yeux des jeunes, sa puissance, ce qui tendra à les responsabiliser bien davantage. Ne craignons pas de mettre de l’émerveillement autour de la sexualité. Paraphrasons Jean-Paul II et disons-leur: « N’ayez pas peur de la vie ! »

En Suisse, l’éducation sexuelle proposée par l’Education Nationale est dispensée exclusivement par des« spécialistes » du Planning familial. Les enseignants, les éducateurs et les parents en sont exclus. Ce cloisonnement n’aide pas les jeunes à parler de sexualité avec d’autres adultes. Alors, ils s’informent sur internet… Dans cette logique, encas de grossesse, ils sont aiguillés vers le même planning familial qui leur offre l’accès libre et gratuit à l’avortement. La confidentialité et l’anonymat sont garantis aux mineures, c’est-à-dire, sans que leurs parents le sachent. Il est donc essentiel pour les familles de cultiver le mieux possible le lien avec leurs adolescents afin que la sexualité de ces derniers ne passe pas tout bonnement sous la coupe des pouvoirs publics. Aux parents chrétiens, aux pères en particulier, je recommande d’accueillir et de magnifier la féminité et la masculinité de leurs enfants, ce qui implique la capacité de leurs ados de donner la vie dès leur puberté. Donner la plus haute estime à la sexualité conduit les jeunes à des comportements responsables et respectueux « Tu es dès maintenant en capacité de devenir maman ou papa. C’est vraiment formidable ! »

Plutôt qu’un discours contre l’avortement, j’invite enfin les églises à affirmer leurs propres jeunes dans leur droit inconditionnel à l’existence, pour que ces derniers puissent en être déjà certains pour eux-mêmes; ce n’est de loin pas une garantie, en particulier quand ils ont été irradiés par des influences morbides, par le biais d’avortements dans leur famille ou d’autres événements traumatiques. Ensuite, seulement, ces jeunes seront à même d’accueillir la vie de manière responsable. Que les églises proclament positivement, au milieu des doutes existentiels de cette génération, les actualisations suivantes de la Bonne Nouvelle de Noël:

– Il n’y a pas d’enfant-accident.

– Il n’y a pas d’enfant-malédiction.

– Il n’y a pas d’enfant-punition.

Tous les enfants, dès qu’ils s’annoncent, sont des cadeaux! En même temps, ce message engage. Les églises sont un maillon incontournable du soutien et de l’accueil des très jeunes parents. En fait, une véritable opportunité de reprendre l’initiative dans l’action sociale et pédagogique en faveur de la nouvelle génération.

 

(1) Parmi les autres éléments mis en lumière lors du colloque sur la maternité adolescente de Bruxelles, nous signalons : Pour les éducateurs, il s’agit d’aborder « un voyage en mère » – jeu de mots qui rappelle l’immigration et ses espoirs de trouver une situation meilleure : en effet, derrière ces grossesses précoces, se cache souvent une recherche de reconnaissance et d’amour de nos ados, pouvant s’apparenter parfois à une forme de suicide social. Ni pires, ni meilleures : Il n’y a pas d’âge pour être maman. On observe plutôt des mécanismes de protection et de défense intéressants comme l’envie de se battre pour son enfant et le besoin de prouver qu’elles sont capables. Dans ce contexte défavorable, les très jeunes mamans ne sont ni pires ni meilleures que les mères plus âgées. Le planning familial constate qu’il existe trop peu de structures pour accompagner les mineures enceintes. Il faudrait attendre la fin de l’ambivalence de la jeune fille pour programmer l’IVG, mais « le délai » est trop limité. Le moment de l’échographie est très chargé d’émotion. Il ne faudrait pas pour autant remettre en question la facilité d’accès à l’avortement. Les médecins anxieux. Certains psy admettent qu’ils sont souvent plus anxieux que la jeune fille enceinte qui les consulte en début de grossesse.

(2) A Bâle, l’économie investit dans le coaching des jeunes parents La cité rhénane est connue pour son progressisme. Le partenariat public et privé en fait partie. AMIE est le fruit de la collaboration entre l’Union des arts et métiers du canton de Bâle-Ville, le Service de l’aide sociale et l’Assemblée féminine bâloise. Ce réseau vise à encourager l’insertion professionnelle des jeunes mères à travers un cursus de formation d’une année. Débuté en 2006, ce programme accueille chaque année 12 à 18 participantes. Elles s’engagent à suivre des cours et des ateliers à raison de cinq matinées par semaine. La moitié a trouvé un emploi à l’issue du cours. AMIE tourne sur un budget annuel de 160 000 €. « C’est un bon investissement, ça permet à ces jeunes de sortir de l’aide sociale », s’est réjoui le ministre bâlois Christoph Brutschin, présent au colloque de Bruxelles.

(3) Expérimentée à Lausanne, la parole des jeunes parents dans la prévention des grossesses précoces :

Une approche gagnante pour toutes les parties : Les jeunes participants considèrent «concrètement» le prix à payer par ces jeunes « parents aventuriers ». Pour celles et ceux qui se retrouveraient dans une telle situation, ils découvrent qu’elle n’est pas « interdite » (les ados sont attirés par l’interdit) ni insurmontable et sauront à qui s’adresser pour trouver un soutien adéquat. Pour les jeunes parents invités à témoigner de leur réalité, l’effet est presque magique. Ils se sentent reconnus et utiles. Fiers de l’intérêt qui leur est porté, ils n’invitent pas pour autant les jeunes auditeurs à tenter l’aventure. Ils sortent de la contrebande !~ Une manière efficace pour intéresser et responsabiliser les jeunes garçons. (Devant les filles, ils ne veulent pas rester en reste et se montrent très concernés). Par leurs questions, certains ados revisitent pour eux-mêmes les circonstances de leur naissance, autrement dit, du défi relevé par leurs parents pour eux. Cette nouvelle forme de prévention conscientise les adolescents à propos de la contraception. Ce n’est pas un luxe à l’heure où un jeune de moins de dix-huit ans sur deux ne se protège pas lors de rapports sexuels.